Roland Veuillet : « Je ne me résigne pas »

mercredi 21 février 2007

Depuis 2003, Roland Veuillet, ancien conseiller principal d’éducation à Dhuoda, conteste une mutation dans un lycée de Lyon, avec des actions diverses : course à pied, grève de la fin… Mercredi dernier, son nom est apparu dans tous les journaux de France, après avoir été interné de force en hôpital psychiatrique.
Après examen médical, les médecins ont mis un terme à cette hospitalisation au bout de 24h. Joint hier par téléphone, Roland Veuillet, 51 ans, réagit à « cet internement scandaleux » et se dit plus déterminé que jamais.

Roland - Midi Libre

Mercredi dernier, à votre 53e jour de grève de la faim, vous êtes interné d’office en hôpital psychiatrique, à Lyon. Pourquoi ?

Je me pose encore moi-même la question… J’avais été hospitalisé en observation depuis quelques jours car j’avais dépassé le quarantième jour de grève et ma santé était en danger. Là-bas, j’ai toujours refusé de m’alimenter pour poursuivre ma grève. Puis, la semaine dernière, un médecin me prévient que je vais être emmené en psychiatrie, et me conseille de rester calme. Les médecins ont bien vu que je n’avais aucun problème psychiatrique et que je ne pouvais pas rester dans ce service. Il s’agit d’un internement abusif. Je n’en suis pas traumatisé mais je trouve l’affaire grave et scandaleuse.

Selon vous, qui a imposé cette hospitalisation ?

Je ne souhaite pas m’avancer. Je sais que le ministère de l’Éducation nationale comme la préfecture ont été informés aussitôt de l’affaire. Personne n’a réagi.
C’est scandaleux. Une nouvelle fois, on a voulu exercer sur moi une pression.
Je porte plainte contre X avec la Ligue des droits de l’homme et selon mes avocats, je suis à peu près certain de gagner.

Votre conflit avec l’Éducation nationale remonte à 2003. Votre dernière action, la grève de la faim que vous venez de cesser, a-t-elle fait avancer les choses ?

Un médiateur vient d’être nommé mais pour moi, je sais déjà que ce n’est pas une solution. Je considère cela comme une provocation. Moi, je subis une sanction, ma mutation à Lyon, depuis quatre ans, et nous sommes de plus en plus certains qu’il s’agit d’une punition anti syndicale. Tout prouve dans mon dossier qu’il n’y a pas faute. Je n’ai pas fauté.

Qu’est-ce qui pourrait débloquer la situation ?

J’aimerai qu’une enquête administrative soit ouverte par l’Éducation nationale pour prouver ma bonne foi. Le ministère de l’intérieur l’a bien fait, l’Armée aussi, pour déterminer les responsabilités de fonctionnaires. Pourquoi pas dans l’Éducation nationale ? On a l’impression qu’un recteur, c’est comme un pape. Il est hors de question pour moi d’accepter ça.

Vous risquez donc encore de faire parler de vous ?

Au départ, j’ai protesté de manière réglementaire. Je ne me suis pas fait entendre donc j’ai entamé toutes ces actions protestataires. J’ai couru, beaucoup, en France et à l’étranger, au total 16500 km. Puis j’ai fait deux grèves de la faim. Je veux montrer aux enseignants avant tout et aux autres ma détermination. Je ne me résigne pas. Je suis marathonien dans tous les sens du terme.

Vous allez jusqu’à mettre votre santé en jeu. N’est-ce pas disproportionné ?

Toute personne prise dans une telle injustice réagirait de la même façon. Quand vous avez tort, vous vous taisez, mais quand vous avez raison, vous voulez que ce soit clarifié. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui me soutiennent et qui s’investissent autant que moi, sinon plus. C’est un peu comme l’affaire Seznec. Sa famille se bat encore pour obtenir la révision du procès.

Vous n’avez quand même pas été condamné au bagne…

Son petit-fils non plus, mais il se bat toujours.

Comment réagissent vos proches ?

Ils sont partagés. Certains pensent que j’ai raison, que je suis victime d’une injustice, d’autres me disent de laisser tomber. Moi, je demande ma mutation à mon ancien poste.

Ne pensez-vous pas que vous l’auriez déjà obtenue si vous n’aviez pas tant protesté ?

J’ai mené des tas d’actions, qui n’ont pas fait reculer le ministère de l’Éducation nationale. Et cerise sur le gâteau : l’internement de la semaine dernière ! Dans les couloirs de l’hôpital, en moi-même, j’avais vraiment l’impression d’être face à une caricature d’un état de non droit. Ça ne peut que me conforter à poursuivre mon combat. Je suis de nature optimiste et j’irai au bout.

Propos recueillis par Agathe BEAUDOUIN

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