Lettre ouverte à Vincent Peillon

mardi 4 février 2014

Elle lui a été transmise à La Rochelle, le 1er janvier, par Roland Veuillet. Celui-ci, a effectué à nouveau, 500 km en courant pour la lui remettre. C’était l’arbitrairathon numéro 57.

Monsieur Peillon.

Vous venez d’annoncer votre candidature aux élections européennes dans le secteur du Grand Sud Est. Aussi, est-il utile que les électeurs de Gauche connaissent votre bilan, en tant que Ministre de l’Éducation Nationale.

Tout d’abord, abordons votre réforme des rythmes scolaires : améliorer la qualité d’enseignement des élèves est une intention louable, mais pour qu’elle se réalise, il faut mettre des moyens humains et financiers. Vous ne l’avez pas fait, et votre réforme produit dans la réalité, l’effet inverse de celui recherché, à savoir une dégradation des conditions d’accueil des élèves dans les établissements scolaires.Il n’est pas inutile à ce sujet de souligner que cette grande ambition, était tout de même, en contradiction avec votre politique de suppression systématique des cantines scolaires : ainsi beaucoup de collégiens mangent dans des conditions déplorables, contraires à la nécessité d’ une véritable pause pour le repas de midi.

Votre deuxième réforme affichée a été la relance du recrutement des enseignants, bloqué depuis dix ans par Sarkozy. La situation commençait à devenir critique, et votre initiative a été très bien accueillie. Seulement cette réforme est restée à l’état d’un effet d’annonce, puisque votre démarche a surtout consisté à renforcer la précarité de l’emploi, transformant le Ministère de l’Éducation Nationale, en une gigantesque entreprise d’intérim, la plus grande du pays.

Par contre, il y a des réformes que vous n’avez pas faites, et qu’il était pourtant urgent d’entreprendre. Deux d’entre elles sont à citer : la première concerne les méthodes de gestion des personnels, mises en place par la Droite. Elles consistaient à transformer progressivement la hiérarchie en système de « management » à la manière américaine. Non seulement vous avez maintenu cette caporalisation, mais vous l’avez renforcée, et même valorisée.

La deuxième réforme que vous n’avez pas faite, concerne les liens que vos prédécesseurs de Droite avaient établis avec le MEDEF. Avec eux, cette officine du patronat était devenue un « partenaire éducatif », ce qui permettait à Madame Parisot, ou à Monsieur Gattaz d’intervenir dans les lycées et collèges, pour distiller leur idéologie réactionnaire. Le plus grave dans cette affaire, c’est que les interventions du MEDEF dans les écoles, sont essentiellement financées par l’UIMM, la fédération de la métallurgie du MEDEF. Or, l’UIMM a été condamnée au pénal, pour détournement de fonds de plusieurs dizaines de millions d’Euros, et pour corruption. Une corruption, rappelons le, qui implique plusieurs Recteurs d’Académie, toujours en poste.

En ce qui concerne les non-réformes, on doit aussi citer le fait que vous avez refusé d’annuler toutes les sanctions anti-syndicales prises par les ministres de Droite, contre des militants. A ce sujet, il faut rappeler que vous avez été celui, qui au sein du gouvernement, s’est montré le plus virulent contre la loi d’Amnistie Sociale. Vous avez même exercé de très fortes pressions sur les parlementaires socialistes, pour qu’ils ne votent pas cette loi, pourtant légitime.

Monsieur Peillon, vous souhaitez devenir député. Les électeurs de Gauche, quant à eux ont le droit de savoir que votre bilan au ministère de l’Éducation Nationale est négatif. Ils ont aussi le droit de savoir que pour vous, faire de la politique est un plan de carrière : En effet, au gré des opportunités, vous nouez et dénouez des alliances, avec les uns et avec les autres. Certes, disait Edgar Faure : « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». Certes d’autres avant vous sont passés de gauche à droite, ou de droite à gauche, selon les conjonctures.

Mais, les électeurs en général, n’aiment pas qu’on leur fasse prendre les choux-fleurs pour des arbres du boulevard. C’est une expression marseillaise qui signifie : faire prendre des vessies pour des lanternes.

Cordialement.

Roland Veuillet.

La Rochelle le 1er janvier 2014.

mis en ligne par Roland Veuillet

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