Grève de la faim et fringale d’arbitraire à l’éducation nationale

lundi 26 février 2007

Un conseiller principal d’éducation, Roland Veuillet, vient de faire une seconde grève de la faim pendant 56 jours, après une première de 38 jours en 2004, pour le même motif : une sanction ressentie profondément comme injuste.

Il faut être fou, dira-t-on, pour se lancer dans une aventure pareille. Cela n’a pas échappé à l’administration de l’Éducation nationale : le protestataire a été interné d’office 24 heures en hôpital psychiatrique sous prétexte de l’alimenter de force.

Mais ne faut-il pas être aussi fou pour rester aussi aveugle, comme l’est cette même administration, à la révolte légitime qui peut soulever un homme jusqu’à lui faire préférer mettre sa vie en danger plutôt que de survivre à une sanction que, depuis 2003, il n’a cessé de qualifier d’injuste ?

Un mur administratif

Mesure-t-on, du moins, à l’absurdité de cette confrontation mortelle, quel type de relations insensé sévit aujourd’hui à l’Éducation nationale ? Après la tentative d’assassinat dont a été victime Karen Montet-Toutain en décembre 2005, sans que l’administration eût quoi que ce soit à se reprocher en termes de prévention, selon l’enquête des inspecteurs maisons, voici maintenant, depuis plus de trois ans, qu’un conseiller principal d’éducation se dit victime d’une injustice insoutenable et demande l’annulation du déplacement d’office qui l’a frappé. Or, il se heurte à un mur administratif, alors même que le Conseil supérieur de la fonction publique, organe suprême de consultation, a donné un avis favorable à la levée de cette sanction. La seule concession ministérielle a été, à l’occasion des deux grèves de la faim, de désigner un médiateur, histoire de gagner du temps et de noyer le poisson.

Deux poids, deux mesures

L’administration de l’Éducation nationale est-elle donc sûre à ce point d’avoir des administrateurs infaillibles qu’elle n’imagine pas un instant qu’ils puissent se tromper ou, encore moins, qu’il leur arrive d’être malhonnêtes ?
- Or, le recteur de l’académie de Montpellier qui a sanctionné R. Veuillet en 2003 est le même qui vient d’être sévèrement désavoué le 7 décembre 2006 par le tribunal administratif de Nîmes pour avoir infligé un blâme illégal à un professeur en parfaite connaissance de cause : il avait, avec ses complices, inspecteur d’académie et principal, inventé de toutes pièces trois griefs fantaisistes et, en plus, il s’était offert le luxe d’une violation de procédure, comme on l’a relaté dans un article récent sur Agoravox, intitulé « Une administration-voyou, un danger pour la démocratie ».
- Or, que lui est-il arrivé à ce bon serviteur de l’État pour avoir ainsi à la cantonade ridiculisé l’Éducation nationale et l’État de droit ? Rien ! C’est l’État qui paie la facture : 1500 Euros d’indemnités pour le préjudice subi par la victime, en plus du discrédit que la conduite indigne de ce recteur a infligé à l’institution qu’il prétend servir.
- Il faut croire que celle-ci lui en est reconnaissante, puisque l’individu est encore aujourd’hui recteur à Bordeaux. Il est vrai qu’en poste à Montpellier, il s’était distingué. Il avait, le 2 mai 2002, signé une circulaire particulièrement honteuse de 36 pages, intitulée hypocritement « Aide aux personnels en difficulté » : elle tirait, en fait, parti de la loi scélérate du 12 avril 2000 protégeant les délateurs ; on l’a analysée ici même sur Agoravox, il y a quelques mois, comme « le bréviaire du petit inquisiteur administratif », plus proche de la violence institutionnelle qu’affectionne l’extrême droite que des procédures démocratiques.

Paul VILLACH

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