Un CPE en jeûne accompagné

mardi 6 février 2007

Muté d’office en 2003, Roland Veuillet a été rejoint dans sa grève de la faim par l’universitaire lyonnais Philippe Corcuff.

Par Fabrice TASSEL

On peut appeler cela avoir de la suite dans les idées. En septembre 2004, Philippe Corcuff publiait dans Libération une tribune pour défendre Roland Veuillet, un conseiller principal d’éducation qui depuis quatre ans réclame l’annulation par l’Education nationale de sa mutation de Nîmes à Lyon en 2003. Alors que Roland Veuillet mène depuis quelques semaines une grève de la faim ­ sa deuxième ­, Philippe Corcuff a décidé de le soutenir en utilisant le même moyen. A une nuance près : sa grève de la faim, commencée le 31 janvier, s’arrêtera demain, « parce que je ne veux pas me détruire la santé », indiquait hier l’universitaire (1) depuis un local syndical proche du tribunal administratif de Lyon, dans lequel les deux hommes vivent, ne se nourrissant que d’un peu de sucre et d’eau. Roland Veuillet en est aujourd’hui à quarante-cinq jours de grève. Il pesait 81 kg au début, il en a perdu 18. Les trois médecins urgentistes bénévoles qui le suivent viennent de lui conseiller une hospitalisation.

En 2004, ce syndicaliste de Sud Education avait arrêté sa première grève de la faim après trente-huit jours, lorsqu’un médiateur de l’Education nationale avait été nommé mais sans pouvoir régler le contentieux. Un contentieux dans l’impasse, notamment parce que Roland Veuillet exige l’annulation pure et simple de sa mutation. Or, cette sanction lui a été confirmée le 7 novembre 2006 par la cour administrative d’appel de Lyon. Désormais, les voies de recours sont le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme, mais la procédure s’annonce très longue.

Vendredi, le congrès de la FSU à Marseille a adopté une motion de soutien à Roland Veuillet. Pour Philippe Corcuff, ce combat est une illustration « inhabituellement forte de la résistance individuelle contre les organisations », un thème sur lequel il a mené de nombreuses recherches. Et puis, ajoute-t-il, « il est important qu’un universitaire au statut privilégié se montre solidaire d’un autre enseignant qui ne bénéficie pas du même statut ».

mis en ligne par Gilles Frapper

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