Echange de courrier Roland Veuillet - SNES

novembre 2005

Réponse de Roland Veuillet à Bernard BOISSEAU (secrétaire National du SNES-FSU)

de Roland VEUILLET (syndicaliste muté, pour fait de grève)

à Bernard BOISSEAU (secrétaire National du SNES-FSU)

J’ai pris connaissance de la lettre que tu as adressée aux camarades d’Émancipation, relative aux choix du SNES de présenter aux élections professionnelles du 6 décembre 2005, trois candidates, qui avaient voté avec le recteur Marois (connu pour ses liens avec le MEDEF), une sanction contre moi.

Dans ce courrier tu écris : « les motions sans ambiguïté du Congrès académique du SNES de Montpellier, et des deux Congrès nationaux du SNES se sont prononcées pour l’annulation de toute sanction à l’encontre de Roland Veuillet. », « ces décisions ont été mises en œuvre par l’ensemble du syndicat. Le SNES a mis tout son poids dans la défense de R. V. ».

Je me permets tout d’abord de faire remarquer que ces motions de Congrès nationaux sont malheureusement restées confidentielles, puisqu’elles n’ont jamais été publiées dans vos journaux de masse, pas plus que dans vos bulletins internes. De la même façon aucun article n’a été rédigé dans votre presse l’US, sur ce cas gravissime de répression anti-syndicale. Pas même lorsque le Conseil Supérieur de la Fonction Publique m’a donné raison. Aussi, de ce fait la plupart de vos adhérents ignore cette affaire, et la plus part d’entre eux n’ont même pas signé par exemple la pétition, dont le SNES est pourtant signataire.

En ce qui concerne les positions du S3 de Montpellier, si sa position avait été sans ambiguïté, comme tu le dis, je n’aurais jamais quitté le SNES, et j’y serais toujours à présent. Si sa position avait été sans ambiguïté, les trois commissaires paritaires n’auraient jamais voté cette sanction qui me frappe, pour fait de grève. Et je ne serais pas à Lyon depuis trois ans.

Mais je tiens à développer de façon plus précise mes affirmations, dans les deux parties suivantes.

I ) Les MOTIONS NATIONALE du SNES

1 - Tout d’abord, il est à rappeler que les motions des deux congrès nationaux, ont été proposées au vote par la tendance Émancipation (document annexe : 1), et ont fait au préalable l’objet d’un débat houleux, avant d’être adoptées. Ensuite, il est à constater que ces motions une fois votées, n’ont jamais été publiées dans la presse syndicale : l’US, que je lis régulièrement. Elles n’apparaissent pas non plus dans les dossiers de compte-rendu de congrès.

2 - Ensuite, il est difficile de soutenir que ces décisions de congrès aient été mises en œuvre par l’ensemble du syndicat, dans la mesure où la plus part de vos adhérents en ignore l’existence. En effet, l’absence de leur publication en ont fait des documents à caractère confidentiel.

3 - De même, comment peux-tu prétendre que le SNES à mis tout son poids dans la défense de R V, quand on sait qu’aucun article n’a été consacré à ce sujet dans votre presse depuis trois ans. Pourtant, il s’agit d’un cas de répression anti-syndical lourd, dont l’objectif était de casser frontalement une grève. La grève des surveillants qui se battaient en 2003 contre la suppression de leur statut. Maintenant, il n’y a plus de MI /SE, ils ont été remplacés par les Assistants d’Éducation, recrutés par les chefs d’Établissement, et corvéables à merci., car très précarisés.

4 - Il n’est pas inutile non plus de signaler ici que la pétition nationale dont le SNES est pourtant signataire, n’a jamais été publiée non plus dans vos journaux. Comment s’étonner aussi qu’elle n’ait été signée par si peu d’adhérents du SNES. (Sur les10 000 signataires, les trois quart proviennent de SUD - Le SNES compte plus de 80 000 adhérents…).

5 - Il en est de même de l’Avis du Conseil Supérieur de la Fonction Publique qui s’est prononcé « pour l’annulation de cette sanction [...] car les faits reprochés à Monsieur VEUILLET ne sont pas fondés ». Cet Avis rédigé par l’une des plus hautes instances de la République (présidée par des Magistrats du Conseil d’État), a été un camouflet cinglant adressé au Ministère de l’Éducation. Cet Avis non plus n’a bénéficié d’aucune publicité, pas plus dans vos publications publiques que dans vos bulletins internes. Pourtant il est exceptionnel que le CSFP émette un Avis aussi catégorique.

6 - J’observe également que le si le SNES demande maintenant, l’annulation de cette sanction, il ne l’a pas fait en mai 2003, au moment des négociations avec Sarkozy/Ferry. Deux ministres, dont on peut être certains qu’ils auraient lâché sur ce point, car leur seule préoccupation d’alors, était d’obtenir la reprise du travail des enseignants.

7 - Enfin, il est à noter que le SNES refuse de demander une Enquête Administrative sur cette affaire, qui pourtant mettrait en évidence les malversations du proviseur Deharo et du recteur Marois. Il refuse également d’exiger ma réintégration sur le lycée Dhuoda de Nîmes que je n’aurais jamais du quitter sans cet acte gravissime de répression anti-syndical. En compensation le SNES a proposé en octobre 2004 une ATP (Affectation à Titre Provisoire), et l’intervention du Médiateur Jacky SIMON, personnage dont l’honnête intellectuelle est plus que douteuse, personnage dont la seule préoccupation est de construire des rapports allant toujours dans le sens de l’Administration. Un an après je m’étonne encore que vous ayez fait une énorme pression sur moi, pour que j’accepte l’intervention de cet ancien Inspecteur Général connu, pour toujours adopter une conduite conforme aux attentes de ses supérieurs.

8 - Aujourd’hui, je suis encore à Lyon, affecté en sur nombre sur un poste inexistant. Je suis TZR, mais depuis trois ans je n’ai fait aucun remplacement, alors que la banlieue lyonnaise explose. On est donc en présence d’une mesure de rétorsion humiliante sur un plan humain et discriminatoire sur un plan syndical. Cette situation scandaleuse, connue de tous, n’a pourtant jamais été évoquée en CAPA ou en CAPN par vos élus, (pas plus que par ceux des autres syndicats d’ailleurs). Votre présence dans ces instances vous conduit aussi à savoir, chiffre à l’appui, qu’aucune sanction disciplinaire aussi lourde n’a été prononcée, depuis fort longtemps dans l’EN (suspension de quatre mois -le maximum légal- mutation d’office à 300 km). Et les rares exceptions où de telles dispositions ont pu être prises concernaient des actes relevant du droit commun avec incarcération, pour accompagner des mesures pénales. Rien de cela dans mon cas puisqu’il s’agit d’un conflit social cassé par un patron de choc.

9 - Effectivement, Bernard avec un tel mutisme, qui se contente de quelques déclarations quasi clandestines, « la partie n’est pas gagnée ». Ou alors elle le sera par d’autres moyens, car si je n’avais pas mené un combat déterminé et persévérant, depuis trois ans, il y a bien longtemps que cette affaire serait enterrée. Elle serait même recouverte par les immondices des rumeurs délétères savamment distillées par le recteur Marois, et par le proviseur Deharo, rumeurs malheureusement reprises à cette époque par S3 de Montpellier. C’est ce que nous allons voir dans la deuxième partie qui suit.

II ) Les POSITIONS du S3 de MONTPLLIER, ( le SNES académique )

A - Lorsque j’ai été suspendu de mes fonction, le 5 février 2003, le SNES invité à une réunion intersyndicale immédiate, a refusé de s associer à toutes démarches « car on est pas sûr que cette affaire soit syndicale », (propos de Michel JOUVE et Robert MALCLES, et je les cite). Cette suspension qui durera quatre mois, intervenait lors de la troisième semaine de grève reconductible, à laquelle je participais avec les surveillants de mon lycée. Ils le savaient très bien.

B - Quand le recteur annonça qu’il engageait une procédure disciplinaire, le SNES refusa encore de s’associer à une demande d’audience de l’Intersyndicale CGT, FO,SUD, avec le même prétexte (document annexe : 2).

C - Quelques jours plus tard, le S3 diffusa une déclaration dans laquelle dans laquelle il ne remettait nullement en cause ni la suspension, ni la procédure disciplinaire. Il se contentait de dire « qu’il s’attachera à faire respecter les principes et les règles d’un état de droits » (document annexe : 3 ). Cela signifie clairement que pour le SNES local j’étais coupable, mais comme pour tout condamné les droits doivent être respectés (dans la pratique, même cela n’a pas été fait).

D - Bien que le recteur refusa pendant plus d’un mois de me communiquer les éléments du dossier, ce qui est une entrave à l’exercice du droit de la défense, le SNES refusa d’intervenir. Pire, pendant cette période le S3 se livra à une véritable campagne de calomnie sur toute l’académie. On entendit même le premier secrétaire Bernard DUFFOURG, s’exclamer lors d’un rassemblement à Montpellier : « C’est un cas indéfendable », « Ça n’a rien de syndical », « vous ne savez pas tout », « il y a des choses très graves », « mais on peut pas tout vous dire » ..... « nous on sait » (les témoins sont nombreux à l’avoir entendu).

E - Cette campagne orchestrée habilement par le rectorat, fut largement relayée localement par un syndicat : le SNES, et notamment le secteur CPE. Ainsi, on vit Patrice BILGORAI Commissaire Paritaire en CAPA et CAPN, se transformer en voyageur de commerce de la propagande rectorale, usant de tous les réseaux relationnels du syndicat. Il n’est pas inutile de préciser que le même BILGORAI participa activement au cassage de la grève au côté du Proviseur Deharo, (l’homme du MEDEF) . Pour cela il n’hésita pas à produire des lettres anonymes de délation (voir site : dossier disciplinaire pages 28 et 29). Il n’hésita pas non plus à soutirer à des CPE en situation précaire une signature au bas d’une déclaration de dénonciation. Déclaration, rédigée on l’a su plus tard par son chef Deharo (voir même site : Dossier Disciplinaire pages 15 et 16). Déclaration qu’il lut servilement en CA, à la demande du même Deharo). BILGORAI était à cette époque encore, responsable national du secteur CPE au SNES.

F - Mais BILGORAI ne fut pas le seul à se faire la caisse de résonance du recteur Marois. On peut citer aussi André FABRE (autre Commissaire Paritaire SNES). Lui c’est avec un sourire jusqu’aux oreilles qu’il allait de porte en porte répandre avec jubilation la bonne nouvelle : « Le recteur a enfin des billes contre Roland » disait il se frottant les mains. Il faut aussi citer ici Nathalie WOZNIAC (Commissaire Paritaire SNES également), qui refusa tout contact, me reprochant même « de gaspiller les fonds publics en utilisant le téléphone professionnel ». Je pouvais difficilement le faire, puisque l’accès de mon bureau m’était interdit par mesure de suspension…

G - Lorsque le dossier fut connu, tous ces gens du S 3 durent mettre un bémol à leur activisme, car toutes les pièces du dossier requis contre moi montraient qu’il s’agissait bien d’un acte de répression pour casser une grève, mais aussi un syndicaliste. Les documents les plus anti-syndicaux étant les reproches caricaturaux que me faisait le recteur contre mes « interventions intempestives en CA au sujet de la Plateforme Technologique », c’est à dire mes interventions contre la présence du MEDEF à l’école. Reproches qui constituent une entrave à l’exercice du droit syndical dans la mesure où je siégeais en CA en qualité d’élu du SNES.

H - Lorsque le dossier fut connu, tous ces gens du SNES de Montpellier durent mettre un bémol à leur pratique diffamatoire, dans la mesure où Pierre STAMBUL, dossier à l’appui, fit adopter une motion de soutien par la CA du SNES du 8 avril. Le SNES national prenait ainsi de façon catégorique une position de soutien qui était en opposition avec tout ce qu’avait fait le S3. Cela n’empêcha pourtant pas les caciques locaux de jouer les freins. Je citerais Jean Yves BARBIER (autre secrétaire S3 académique) qui me répondit : « j’ai quatre mille mutations à traiter, tu n’es qu’un cas parmi quatre mille ».

I - S’ils mirent une bémol dans leur propos, le mal était déjà fait, et la rumeur persistait. On entendit des gens dirent que c’était pas clair car ON (qui ?) leur avait dit qu’il paraîtrait que j’avais « volé du fric » ou « des ordinateurs », on savait pas bien. D’autres prétendaient que ce serait parce que j’avais « frappé des collègues » ou des « élèves », là non plus, personne ne savait plus très bien. « NON » affirmaient certains « il paraît qu’il a insulté des parents d’élèves », « et même craché sur un chien » (véridique !), « et puis vous savez pas il a eu des problèmes à l’internat des filles » « Alors là hein, ce type est indéfendable ! », car hein, « y a pas de fumée sans feu ». Le rectorat a allumé le feu, le S3 a porté le flambeau, la plaine s’est embrasée, et les hommes du MEDEF Marois et Deharo ont eu gain de cause. Car ils ont réussi a installer un climat de confusion extrême, ce qui leur a permis de sabrer durement un syndicaliste qui les gênait en le salissant. Ils ont par ce moyen pu éviter qu’il y ait une mobilisation, et les responsables du SNES les ont bien aidés.

J - Dans ces conditions, où les bruits avaient abouti à créer le doute, la mobilisation fut très difficile. Cependant plusieurs mobilisations devant le rectorat rassemblèrent plusieurs centaines de personnes (600 le jour du Conseil de Discipline). Des gens qui protestaient contre arbitraire et la répression anti-syndicale. A ces rassemblements, les membres du Snes étaient peu nombreux. Et la plupart d’entre eux étaient des opposants où des gens venus à titre individuel. Le Snes ne mobilisa jamais et refusa même de s’associer au mot d’ordre de grève le jour du Conseil.

K - C’est donc dans ce contexte que les trois Commissaires Paritaires du SNES, participèrent au Conseil de Discipline. Leur attitude fut odieuse, avant, pendant et après le Conseil. Ainsi, elles refusèrent de rencontrer au préalable la section du Snes du Lycée, pendant le CDD, elle n’ouvrirent pas une seule fois la bouche, ne serait-ce pour poser une question, après le Conseil, elles se réfugièrent derrière le secret des délibérations, laissant entendre même que c’était ceux des autres syndicats qui avaient voté la sanction. Comme, je connais ces trois personnes, je doute qu’elles aient pu adopter un comportement aussi tranché, contre les positions nationales du SNES, sans qu’elles en aient eu la consigne. En clair, ces trois personnes n’auraient jamais prises seules l’initiative de voter la sanction, sans que des responsables du S3 leur demande de le faire. Pour preuve, elles n’ont jamais été désavouées, il ne leur a jamais été demandé de démissionner et trois ans après elles sont reconduites aux mêmes postes de responsabilité.

L - Il y a donc eu un accord tacite avec l’Administration. En effet, si le recteur Marois a pris l’initiative d’une mesure disciplinaire extrême jamais vue (quatre mois de suspension et mutation à 300 km), c’est qu’il a reçu la garantie que le SNES académique ne bougerait pas. En effet BILGORAI, fit à cette époque beaucoup de va et vient entre le lycée Dhuoda, le S3, et le rectorat. Ajoutons que BILGORAI est toujours membre du SNES, et s’il ne siège plus en CAPA, c’est qu’il a été battu il y a trois ans, aux élections professionnelles, faisant déjà à cette époque perdre 10 % des voix au Snes. Pertes auxquelles s’ajoutent les 8 % du 6 décembre 2005 (soit 18% en trois ans). Ainsi là où l’affaire est connue, les collègues ont sanctionné très sévèrement des pratiques de collusion, pour ne pas dire de corruption avec l’Administration.

Je termine ce courrier, en considérant qu’il est hautement salutaire d’écarter de la vie syndicale des gens qui ont trahi. C’est salutaire pour l’ensemble du mouvement syndical, car personne n’a rien à gagner dans une polémique sur cette affaire. Le « tous des pourris ! » , ne profite qu’aux fascistes, alors ne leur faisons pas le lit. Les déclarations du SNES national m’avaient conforté dans le sens qu’elles étaient une condamnation sans appel des pratiques scandaleuses qu’ont eu certains responsables du SNES de Montpellier à cette époque. Mais le fait que vous acceptiez aujourd’hui que les traîtres d’hier refassent surface ne peut être perçu par l’Administration que comme un clin d’oeil de complaisance. Je souhaite vivement qu’il n’en soit rien, et que vous ayez la sagesse de démissionner les gens qui ont voté contre moi. Que vous ayez la sagesse aussi de demander des comptes à ceux de Montpellier qui ont supervisé le deal avec le clan Marois/Deharo. Car deal il y a eu !

Avec mes salutations de syndicaliste.

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