Amparo IBAÑEZ : grève de la faim en Guyane

mercredi 7 février 2007

Je suis enseignante en Guyane et j’ai décidé d’entamer une grève de la faim à partir du 8 février en soutien à Roland Veuillet contre les répressions.
J’ai transmis à l’inspection, au rectorat, au ministre de l’Éducation Nationale et au premier ministre.

Amparo IBAÑEZ

Professeure des écoles

École Publique élémentaire Antécume-Pata
97370 MARIPA-SOULA

Antécume-Pata, le 4 février 2007

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,

Je viens par la présente vous signifier ma décision d’entamer une grève de la faim à partir du 8 février 2007.

J’engage cette démarche en solidarité avec mon collègue Roland Veuillet, Conseiller Principal d’Éducation du lycée Dhuoda de Nîmes. Cette décision a pour but d’exiger l’annulation de la sanction disciplinaire dont il est victime depuis 2003.

Je vous rappelle que la sanction à l’encontre de Roland Veuillet est toujours en vigueur. Et ce, malgré les recommandations du Conseil Supérieur de la Fonction Publique, qui s’est prononcé le 25 janvier 2005 pour l’annulation de la sanction qui le frappe.

Comme de nombreux autres enseignants, je considère moi aussi que la mutation disciplinaire de Roland Veuillet, depuis septembre 2003, à 300 kilomètres de ses trois enfants, est un acte de répression contre un militant syndical. A ce jour, Roland Veuillet aura dépassé les 40 jours de grève de la faim.

Malgré ma demande, malgré les appels, les pétitions de nombreux autres citoyens, vous n’avez à ce jour rien fait pour lever la sanction et permettre que soit mis fin aux risques encourus par Roland Veuillet pour être rétabli dans ses droits.

C’est cette intransigeance, qui n’a d’égale que le mépris du respect du droit de grève, qui me conduit aujourd’hui à rejoindre mon collègue et à prendre la difficile décision d’entamer une grève de la faim.
Le 8 février, de nombreux fonctionnaires seront en grève. Pour ma part, j’entamerai cette grève de la faim pour que soit respecté le droit de tous à lutter, à défendre une société où tous auront leur place. Il s’agit d’une question de dignité, de survie pour moi-même et pour les générations futures dont j’ai en charge l’enseignement de la solidarité, de la fraternité, de l’égalité.

Je ne souhaite faire cadeau ni de mon salaire, ni de ma vie, ni priver les élèves de l’enseignement que je dispense. C’est pourquoi, tant que mon état de santé me le permettra, je continuerai d’assurer mes cours.
D’autres personnes ont également décidé de soutenir Roland Veuillet en entamant une grève de la faim.

Vous prenez donc désormais la responsabilité de mettre en danger sciemment la vie de ces citoyens.

C’est donc aux élèves, aux parents d’élèves que vous devrez expliquer les raisons de votre attitude, s’il devait advenir le pire pour la vie d’un d’entre nous.

Par ailleurs, si l’acharnement dont fait l’objet mon collègue devait avoir des conséquences irréversibles, je vous en tiendrai personnellement responsable et en appellerai à la cour européenne des droits de l’homme pour non assistance à personne en danger.

Croyez, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, en l’expression de mon plus profond respect de la vie fût-elle celle de mes adversaires.

Amparo IBAÑEZ Professeure des écoles en Guyane (département français en Amérique)

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